L’Evangile de saint Matthieu
Traditionnellement le premier évangile est attribué à l'apôtre Matthieu, l'un des Douze. L’appel de ce publicain, collecteur d’impôts, est rapporté en Mt 9, 9-13.
Pour saint Matthieu Jésus est l’Emmanuel (Mt 1,23), Dieu avec nous, mais s’inscrivant dans une longue généalogie. À la fin de l'évangile, le Ressuscité est doté de toute autorité divine sur le Royaume de Dieu, aux cieux comme sur la terre (Mt 28, 18).
Le récit évangélique est rythmé par cinq discours pour instruire le lecteur sur cette venue du Royaume des Cieux. Celle-ci doit rétablir parmi les hommes l'autorité souveraine de Dieu comme Roi enfin reconnu, servi et aimé. Saint Matthieu, qui écrit pour une communauté de chrétiens venus du judaïsme, s'attache particulièrement à montrer dans la personne et l'œuvre de Jésus l'accomplissement des Écritures. La Loi et les Prophètes sont « accomplis », c'est-à- dire pas seulement réalisés, mais menés à leur perfection (Mt 5, 17).
L'annonce de la venue du Royaume engage une conduite humaine. La justice, thème préféré de saint Matthieu, est la réponse d'obéissance à la volonté du Père. La validité de la Torah est affirmée, mais son développement par les pharisiens est rejeté pour l’interprétation par Jésus qui insiste surtout sur les préceptes éthiques, le Décalogue et les grands commandements de l'amour de Dieu et du prochain (Mt 22, 37-40).
Parmi les évangélistes, saint Matthieu se distingue aussi par son intérêt explicite pour l'Église donnant à la communauté des croyants des principes de conduite et des chefs autorisés (Mt 16).
L’important chapitre 18 offre des repères pour la prise de décision et la résolution des conflits. On comprend que cet évangile si complet et si bien organisé a bénéficié pendant des siècles dans l'enseignement de l'Église et dans la liturgie d'une place de choix. Cet évangile ne quittait d’ailleurs pas saint Dominique dans ses missions.
Signification du logo
Du grec « qui a quatre formes », le terme "tétramorphe " désigne l'ensemble des quatre êtres vivants, symboles des quatre évangélistes : pour Marc, un lion ; pour Luc, un bœuf ; pour Jean, un aigle ; pour saint Matthieu, un homme. Il est donc préférable d'employer pour l'ensemble le terme « vivants » et d'éviter surtout celui d'« animaux » puisqu'il y a parmi eux une figure humaine.
Deux références bibliques : la vision d'Ézéchiel (I, 5-14) captif à Babylone au VIe s. A.C. se révèle de première importance : « On distinguait l'image de quatre êtres qui paraissaient avoir une forme humaine... ils avaient tous les quatre un visage humain... une face de lion... une face de taureau... une face d'aigle... ». Et le texte de saint Jean (Ap. VI, 6-8) vient corroborer la vision du prophète : « Près du trône... quatre vivants... le premier ressemblait à un lion, le deuxième à un jeune taureau, le troisième avait comme un visage d'homme, le quatrième ressemblait à un aigle en plein vol... »
L'application de ces figures aux quatre évangélistes est due à saint Jérôme, au IVe siècle. Il se réfère, pour établir un rapprochement et justifier le symbole attribué à chacun, aux premiers mots de chaque évangile. Pour saint Matthieu, il retient l'homme, l'apôtre commençant son récit évangélique par un rappel de la généalogie du Christ. Saint Marc se voit attribuer le lion, allusion au désert et à la prédication de saint Jean-Baptiste. Saint Luc, qui débute son texte par l'annonce au grand prêtre Zacharie de la naissance du Précurseur, symbolise par le taureau animal du sacrifice, la révélation au Temple. Quant à saint Jean, le rapprochement est plus abstrait et ferait allusion à son regard d'aigle et à la puissance de sa vision prophétique, dans l'Apocalypse notamment. [d’après l’encyclopédie Catholicisme]